Vendredi matin, 6h

juin 4, 2011 § Poster un commentaire

Il pleut à grosses gouttes. Depuis minuit, le tonnerre retentit et les éclairs illuminent la petite ville de Yako, endormie et plongée dans le noir par une panne d’électricité. Depuis mercredi soir, nous avons eu l’électricité pour environ 5 heures, hier après-midi. Hier matin, une réunion se tenait à la coopérative tout l’avant-midi. Pas d’électricité = pas de ventilos. Dans la chaleur qui dépasse les 40C, il devient difficile d’être productif. Dans toute la ville, les robinets ne laissent sortir que de l’air depuis mercredi soir. À la maison, on avait rempli tous nos bidons en prévision d’une coupure d’eau, mais notre réserve commence à s’épuiser. Vers midi, l’eau est revenue à l’un des robinets publics de la ville paraît-il. La petite fille d’une dizaine d’année qui habite à côté de chez moi m’offre d’emprunter mon vélo et d’aller faire remplir un de mes bidons. J’accepte, tout en me disant que ce n’est peut-être pas nécessaire, notre propre robinet devrait se remettre en fonction sous peu. De retour à la maison le soir, toujours pas d’eau. Ce n’est que vers 21h qu’elle reviendra finalement. La chaleur est toujours intense, nous attendons la pluie avec impatience. Comme tous les soirs depuis quelques semaines, j’installe mon petit matelas et mon filet à moustique dehors, car dedans la chaleur est insupportable. Mes voisins dorment aussi à la belle étoile tout autour de notre cour. Vers minuit, tout le monde est réveillé par les forts vents qui se lèvent. La pluie nous donne tout juste le temps de se déménager dedans avant de se mettre à tomber. Je sens finalement la fraîcheur de la pluie qui rentre par la fenêtre. D’une part je me réjouis de cette pluie qui brise la chaleur de la semaine, de la saison des pluies qui est enfin de retour. Mais en même temps je sens que c’est une pluie qui risque de durer jusqu’au petit matin. Vendredi matin doit se tenir à la coopérative un atelier avec les agents terrain du Conseil à l’exploitation familiale. Plusieurs personnes à la coopérative et moi-même avons travaillé fort ces dernières semaines pour réviser ce service offert par la coopérative et créer un service plus approprié pour les producteurs. Nous avons tenu un premier atelier la semaine dernière, et vendredi doit se tenir le deuxième qui permettra aux agents terrain de commencer le travail. Nous sommes déjà en retard, car une partie du travail doit se faire avant que le travail aux champs commence. Avec les pluies qui sont maintenant arrivées, ce travail commencera sous peu. Or, certains des agents terrain viennent de 70 km en moto. Avec la pluie, peu de chances qu’ils se rendent tôt ce matin. À mon réveil, l’électricité est de nouveau coupée. En pensant à la journée de formation qui nous attend et en me demandant si elle pourra se tenir ou pas, je me dis que, des fois, les Burkinabés ont raison quand ils disent que « c’est pas facile ».

Un monde de projets

juin 4, 2011 § Poster un commentaire

Dans le monde du développement, les ‘projets’ ne se comptent plus. Les organisations locales, en perpétuelle recherche de financement, courent derrière chaque opportunité qui se présente, tandis que les partenaires financiers proposent régulièrement de nouveaux projets. Souvent ces nouveaux projets parlent de formations ou d’ateliers de renforcement de capacités. Souvent aussi chacun de ces projets engage ses propres consultants pour venir faire une évaluation à la fin. Et c’est ici que les organisations locales se retrouvent tiraillées dans toutes les directions. Le mois dernier, la coopérative a été convoquée à plus de 5 ateliers de 2 jours ou plus dans différentes villes du Burkina. Pour un des projets auquel la coopérative a participé, trois différents consultants sont venus rencontrer des responsables et des membres de la coopérative pour un avant-midi à trois occasions différentes, pour poser plusieurs questions similaires. Car chacun a un objectif un peu différent et fait son travail de son côté, même si ce travail se recoupe bien souvent. Ce n’est pas par hasard que ces ateliers et évaluations arrivent à ce moment-ci. Les bailleurs de fond savent bien que dès que la saison des pluies commencera en juin, les producteurs se consacreront cœur et âme à leurs champs et ne seront plus disponibles. Alors vite, les ateliers s’empilent avant que la campagne commence. Cependant, les bailleurs de fonds ne sont pas les seuls qui doivent se dépêcher avant que la campagne commence. Les organisations paysannes ont aussi une foule d’activités à mettre en œuvre avant que leurs membres ne soient trop occupés aux champs. Approvisionnement en intrants, commandes de semences, préparation de la campagne en vue de la commercialisation – le travail ne manque pas. Mais entre tous les ateliers, les formations, les concertations, le temps, lui, manque définitivement. Certains responsables d’organisations paysannes occupent leur poste principalement pour bénéficier des per diems qui viennent avec toutes ces formations et ne pourraient être plus heureux. D’autres, non. D’autres sont là pour faire avancer leur organisation, pour bâtir les services qu’elle offre à ses membres. Et pendant qu’on est convoqué d’un côté et de l’autre pour des ateliers, des cérémonies de lancement de projets et autres, les activités sur le terrain sont planifiées puis reportées, puis reportées, puis reportées…

Où suis-je ?

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